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Syriza : La socialdémocratie de réserve pour détourner la colère des travailleurs

Et voilà que les médias bourgeois s’emballent sur les élections en Grèce et l’ascension inéluctable de Syriza (35,7% - 149 sur 300 sièges), le, je cite, «Parti anti-austérité». Un «grand» meeting de soutien était organisé en France , à l’initiative du PCF, du PG et d’EELV, avec la présence remarquée des «frondeurs» du PS. «L’espoir est en marche», ou pas...
Mais d’où vient Syriza, ce parti insignifiant dans le «paysage politique grec» il y a à peine quelques années?


Syriza s’est développé dans un contexte de déliquescence du Pasok (le PS grec) qui de 2009 à 2011 était seul au pouvoir. Sa politique a en gros consisté à engraisser outrageusement patrons et actionnaires, sous prétexte de crise et de dette. Le Pasok a perdu toute crédibilité auprès du peuple grec. Le premier ministre PS d’alors, ce cher monsieur Papandréou, ne tiendra pas le choc face au rapport de force imposé par la rue et démissionnera en novembre 2011. La droite revient au pouvoir, et forme alors un gouvernement d’union nationale, Pasok inclus, pour continuer la même politique. Des élections législatives de 2012, le Pasok sort grand perdant puisqu’il perd 109 sièges de députés.


Pour le système, le Pasok n’est plus, ne peut plus être la force social-démocrate dominante à gauche. Il lui faut donc trouver une social-démocratie de remplacement pour canaliser la colère dans l’institutionnel et maintenir sa domination de classe. Le système se tourne donc tout naturellement vers Syriza. Son ascension est largement favorisée par, notamment, le fait que Tsipras devienne l’invité privilégié et systématique de tous les médias bourgeois grecs.
En 2010, 2011 puis 2012, alors que le PC grec (KKE) monte en force, organise la lutte, des manifestations monstres, symbolisées par ces images qui ont fait le tour du monde montrant des militants communistes suspendre une banderole sur l’acropole à Athènes avec le message suivant «que les peuples d’europe se lèvent» (Peoples of Europe, Rise Up), alors que les élections anticipées s’organisaient en 2012, Syriza, a joué son rôle de diversion d’organisation opportuniste en focalisant l’attention des travailleurs sur les élections et en participant avec la droite et le PASOK à criminaliser le KKE et les travailleurs en lutte. C’est ce que nous dénoncions dans nos tract à l’époque, apportant notre soutien sans faille à la mobilisation de classe et de masse impulsée par le KKE, le syndicat PAME, et la JC grec (KNE). Face à la droite, Syriza fait depuis le jeu politique ce qui lui a permis de remporter les élections législatives du 25 janvier dernier.

Mais sur le fond, que propose réellement cette organisation social-démocrate de réserve?

1) «le Programme de la gauche grecque est le seul programme crédible après 5 ans de désastres économiques et sociaux.» : ça n’est pas la crédibilité des programmes qui doit nous faire soucis, plutôt la classe sociale qu’ils servent. A ce titre, il serait injuste de prétendre que le programme d’un Hollande ou d’un Sarkozy ne serait pas «crédible». Crédibles, ils le sont, mais ils sont surtout au service des intérêts de la classe dominante.

2) «Sérieux et chiffré, le programme de Syriza dessine une sortie de crise. Il implique l’effacement de la partie illégitime et une renégociation à l’intérieur de l’Europe» : la crise systémique que nous vivons depuis 2008 est celle du capitalisme. Elle est l’aboutissement des contradictions du système fondé sur l’exploitation de l’homme par l’homme. Elle est engendrée par la suraccumulation de capitaux et la surproduction de marchandises. Prétendre militer pour «sortir de la crise», signifie de fait apporter sa contribution pour remettre le système en scelle. Est-ce aux travailleurs d’œuvrer à la sortie d’une crise dont ils ne sont pas responsables, celle d’un système et d’une classe dominante qui les exploite? Poser la question c’est y répondre. Pour nous, la situation de crise du système est l’occasion de démontré les failles du système, ses contradictions, et donc la nécessité pour la classe ouvrière et les travailleurs de lutter pour la rupture révolutionnaire avec celui-ci.
Par ailleurs, la dette accumulée des États s’est faite par et pour les capitalistes. Ce que Syriza appelle «partie illégitime de la dette» ne représente en fin de compte, et selon les aveux même de l’économiste de Syriza, G. Stathakis, que 5% de la dette totale. Les 95% restant, nous vous laissons deviner à qui il conviendra de passer à la caisse. Pour nous, pour les travailleurs grecs, l’annulation unilatérale de la dette est la seule position juste.

3) «Une relance économique comprenant une banque publique de développement pour les PME et l’agriculture, la création d’un crédit pour l’industrie soumis à une clause d’emplois et d’environnement.» Comprenons bien, il ne s’agit pas là de nationaliser les banques, encore moins de créer un monopole public bancaire servant les intérêts immédiat du plus grand nombre. Pour Syriza, c’est la création d’UNE banque publique (dans le cadre donc du maintien d’un monopole privé bancaire), au service du développement uniquement des PME et des agriculteurs, quid des millions de travailleurs soumis aux diktats des banques privées? Quant à la création d’un «crédit pour l’industrie», il s’agit ni plus ni moins d’injecter de l’argent public, donc celui du contribuable, dans le secteur de l’industrie pour permettre aux patrons de continuer d’exploiter. En fait, c’est le CICE du gouvernement Hollande, avec en plus, la promesse, la main sur le cœur du patronat grec, de contreparties en matière «d’emplois et d’environnement». En bref : de l’argent publique permettant le financement des emplois, c’est-à-dire les travailleurs finançant eux-mêmes, par l’impôt, leur propre salaire.

Tout ceci, bien sûr, sans remise en cause de l’Union Européenne du capital et de son instrument économique, l’euro, puisque, de l’aveu même de Tsipras, ces «réformes» pourront se faire «sans remise en cause des traités européens». Les négociations auront lieu «à l’intérieur de l’Union Européenne», puisqu’il s’agit de «sauver notre maison commune, l’UE».

Syriza, en tant que force opportuniste et réformiste, inféodée à l’UE, entend bel et bien gérer loyalement le système sans le remettre en cause. Jeunes Communistes, nous continuons d’apporter notre soutien sans faille aux travailleurs grecs, à leur émanation politique et syndicale, le KKE et le PAME, ainsi qu’à leur organisation de jeunesse, le KNE.

Syriza : La socialdémocratie de réserve pour détourner la colère des travailleurs
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